Saviez-vous que le bilinguisme parfait est impossible ?

Quiconque travaille à cheval entre deux ou plusieurs langues rêve d’être bilingue. Dans certains pays, comme en Angleterre, l’acception la plus courante du terme est celle d’une personne qui parle deux langues, sans prendre en compte son niveau.
Même si la définition du dictionnaire Larousse est similaire à celle admise en Angleterre, on considère en France qu’une personne bilingue possède dans deux langues le niveau de compétence linguistique d’un locuteur natif.
Si l’on adhère à ce point de vue, plusieurs paramètres peuvent nous aider à déterminer si une personne est bilingue ou non. Penchons nous en premier lieu sur l’accent. Quand bien même ce dernier est influencé par l’appartenance à une certaine région ou un certain milieu, une prononciation erronée, une intonation étrange ou une courbe mélodique singulière sont en général les symptômes d’un accent étranger. N’importe qui pourrait identifier un chinois parlant français, en effet, le fonctionnement du mandarin est profondément différent de celui des langues latines : les tonalité y jouent un rôle essentiel dans la signification des mots. Le fait est que posséder une prosodie adéquate est, dans la plupart des cas, lié avec le jeune âge auquel une personne entre en contact avec une langue. Pour cette raison, les enfants nés de l’immigration dont les parents ont toujours parlé leur langue d’origine chez eux n’ont pas de particularité de diction. Pourtant, ils ne sont pas non plus bilingues, comme nous le verrons plus en avant. Leur compétence linguistique est beaucoup plus limitée que celle d’un locuteur natif.
Le bilinguisme parfait est une chimère
Une personne bilingue devrait pouvoir dominer deux langues, que ce soit à travers la lecture, l’écriture, l’expression et la compréhension orale, et ce, dans un large éventail de situations. La multitude de situations au cours desquelles une personne doit interagir complique et rend presque impossible le fait qu’elle puisse avoir une connaissance identique de deux langues.
Prenons par exemple un fils de français immigré en Angleterre, en Allemagne ou en Espagne. Il entendrait parler français à la maison mais suivrait les enseignements primaires dans la langue du pays. Il pourrait donc maintenir, avec l’accent authentique d’un locuteur natif, une conversation dans la sphère familiale ou dans la vie de tous les jours car ces deux situations appartiennent au registre familier ou informel. En ce qui concerne le vocabulaire de la sphère professionnelle ou académique, il n’aurait été appris qu’en anglais, en allemand ou en espagnol. Participer à une conversation en français dont le thème serait la politique, la technologie ou la science serait donc pour lui un tant soit peu compliqué par manque de vocabulaire dans ces domaines.
Au contraire, une personne étrangère, espagnole, allemande ou anglaise, qui aurait étudié le français à l’université, aurait un certain nombre de connaissances académiques qui lui permettraient d’avoir à sa disposition un registre linguistique possédant de nombreuses variables contextuelles et linguistiques. Son mode d’expression sera plus formel et spécialisé mais ne possèdera ni la fluidité orale, ni les ressources de la conversation familière, ni les références de la culture populaire. Le plus probable est d’ailleurs que son accent trahisse sa langue maternelle.
On considère que la plupart des français utilisent 300 à 500 mots dans la vie de tous les jours alors que la langue française en compte plus de 100 000. S’il ne s’agissait que du volume de mots, apprendre plusieurs langues et être bilingue ne serait pas si difficile. Nous pouvons donc conclure qu’absorber l’ensemble des connaissances socio-culturelles nécessaires pour comprendre les connotations de la langue, dominer les registres linguistiques oraux et écrits et acquérir la flexibilité prosodique de deux langues est une tâche sans fin.
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Josh Gambin est diplômé en sciences biologiques à l’université de Valence et en traduction et interprétation à l’université de Grenade. Il a occupé diverses fonctions comme chef de projets, maquettiste ainsi que traducteur free-lance. Depuis 2002, il est l’un des fondateurs de AbroadLink et occupe actuellement le poste de Directeur des Ventes et du Marketing.
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